Les enseignants du collège de Parempuyre aux parents d'élèves
Chers parents,
Vous avez probablement entendu parler de la réforme du collège dans
les médias.
Il nous semble
important que vous soyez désormais informés par ceux-là mêmes
qui auront à
appliquer cette réforme en 2016, à savoir les professeurs. Notons que
l'application devrait avoir lieu à la rentrée 2016 pour tous les niveaux, donc
très probablement sans pouvoir diffuser de manuels scolaires pour toutes les
classes ou disciplines.
Nous savons que
pour faire réussir vos enfants, il faut moins d'élèves par classe, la
possibilité de travailler en petits groupes dans toutes les disciplines, des
programmes cohérents y compris entre disciplines et d'une année sur l'autre, du
temps pour la concertation pour favoriser le travail collectif, des équipes
pluri-professionnelles (assistantes sociales, infirmière, COPsy) et de vie
scolaire complètes et renforcées,
une vraie mixité
sociale, une formation continue de qualité.
La réforme ne
propose rien de cela. Bien au contraire, elle va :
- Diminuer globalement le temps disciplinaire
(moins 30 mns de français en
6e et en 3e, moins
30 mns de mathématiques en 3e…) avec des programmes
chargés et sans
ambition.
- Diminuer les heures consacrées au latin et au
grec et à terme, supprimer
les postes de
lettres classiques.
- Réformer l'épreuve du diplôme national du brevet
(dont on ne sait rien
encore à ce jour à
part qu'il voit disparaître l'épreuve d'histoire des arts).
- Fusionner SVT, Physique et Technologie dès la 6e
(suppression de demi-groupes en techno et SVT) ; tout enseignant
concerné peut, selon le choix
du chef
d'établissement, enseigner une autre discipline que la sienne, sa formation
initiale ne sera plus prise en compte, ses compétences propres non plus.
- Instaurer un accompagnement dit
« personnalisé » (3 h en 6e) qui se fera en classe entière et
remplacera l'ATP en petits groupes. Notons la disparition
de
l'accompagnement éducatif qui, le soir, procurait une aide substantielle
à un bon nombre
d'élèves.
- Faire disparaître l'ODP, les sections européennes
et bilangues ; ces dernières
semblent être rétablies mais de manière très inégale selon les académies ;
selon quels
critères vont-ils se baser pour appliquer cette injuste disparité ?
Cette réforme crée
des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) qui, tout comme
l'accompagnement personnalisé (AP -voir plus haut) ne viendront pas en plus mais
enlèveront du temps à l'enseignement des disciplines. Cela multipliera en outre
le nombre de groupes auxquels vos enfants appartiendront : ce découpage
rendra les apprentissages plus difficiles, car la réforme ne prévoit aucun
temps de concertation pour les professeurs.
Le décret présente
un autre danger majeur : celui de renforcer le caractère local de
l'enseignement reçu par les élèves, avec la possibilité de moduler les horaires
d'enseignement des différentes disciplines sur les trois années de 5e, 4e et
3e. Il ne garantit plus qu'un collégien suive le même volume d'enseignements
dans un même niveau d'une classe ou d'un collège à l'autre. Il pourra par
exemple avoir une heure de plus de mathématiques en 5e et une de français de
moins. S'il change de collège, comment rattrapera-t-il ?
En conclusion,
moins d'heures d'enseignements disciplinaires, des horaires et des
enseignements différents selon les collèges, pas de moyens suffisants pour
l'individualisation, pas de classes à effectifs raisonnables (24/26), plus de
dédoublements en Langues et en Français, une instabilité récurrente des
programmes, maintes fois changés, sans se laisser un temps pour se les
approprier et en analyser l'efficacité avec recul : cette réforme est
injuste pour nos élèves, pour vos enfants.
Vous avez dû
constater des modifications dans l'emploi du temps de vos enfants ou des
absences de professeurs qui sont ou seront régulièrement envoyés en formation
cette année puisqu'il est prévu que tous les programmes soient modifiés dans
toutes les matières et sur tous les niveaux de classes à la rentrée 2016.
80 % des
enseignants sont contre cette réforme. Ils en demandent l'abandon (par le biais
de pétitions que soutiennent plusieurs institutions et personnalités) ainsi
qu'une reprise des négociations, et c'est pourquoi certains d'entre nous étions
en grève le 26 janvier dernier.
C'est pour toutes
ces raisons que nous tenions à vous faire part de notre non-adhésion à cette
réforme qui va à l'encontre de nos convictions.
Nous sommes assurés
que c'est ensemble, parents et enseignants, que nous pourrons mener à bien, en
toute sérénité, notre mission éducative commune et ce, dans le bon sens, celui
de l'intérêt de chaque enfant